Le cas du sud Loire |
Une organisation hydraulique originale Dans
les années 1960, l'union des syndicats de marais du sud Loire est
à l'origine de la création d'un remarquable système
d'irrigation et de régulation des eaux fondé sur des échanges
alternatifs entre le marais et le fleuve.
Toutefois, cette organisation hydraulique diffère de celle des marais de la rive nord par son ampleur et par le nombre de ses " bénéficiaires " puisqu'elle s'étend sur 18 000 ha, concerne deux bassins versants (celui de Grandlieu et celui du Falleron) et 7 000 propriétaires. |
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D'un point de vue technique, ce système " réversible " permet la réalisation d'un double objectif : en hiver et au printemps, c'est l'évacuation de 300 à 800 millions de mètres cubes d'eau(1) vers la Loire et vers la baie de Bourgneuf. Il s'agit notamment de vider le lac de Grand-lieu de ces eaux en excès. (Le lac de Grand lieu est une cuvette qui reçoit en hiver les eaux de plusieurs émissaires comme la Boulogne et l'Ognon, passant ainsi d'une surface de 4 000 ha à 6 300 ha(2)). En période estivale, ce sont entre 16 et 20 millions de mètres cubes d'eau qui sont prélevés en Loire pour assurer la fourniture d'eau d'irrigation à l'agriculture du bassin versant du Tenu, à la zone maraîchère de Machecoul et de la baie de Bourgneuf, ainsi qu'aux industries de la zone de Paimbuf. Par gravitation, les eaux se déversent dans la rivière de l'Acheneau/Tenu dont le cours s'inverse, grâce à sa très faible pente jusqu'aux abords de Machecoul (à 25 km de la Loire) où une station de pompage située à La Pommeraie, au point de partage des deux bassins, permet d'alimenter les marais de Bourgneuf et la zone maraîchère de Machecoul. En outre, trois pompes d'une capacité de 600 m3/h situées à l'écluse du Carnet ont fourni de l'eau de qualité à l'usine Octel-Kuhlmann de Paimbuf lorsque celle-ci était en activité. |
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(Source infographie : ADIG, M. Brugier, R. Dutreuil) |
L'union
des marais du sud Loire À
la fin des années 1950, onze syndicats de marais du sud Loire (actuellement
douze qui se succèdent de Beauvoir-sur-mer en Vendée jusqu'aux
bords de Loire) décident de se rassembler au sein de l'union des
Syndicats des Marais du sud Loire. Cet organisme unique a pour but de
faciliter, dans un but agricole, la gestion de l'eau, à une époque
où la demande d'irrigation est particulièrement forte, notamment
pour les maraîchers de la région de Machecoul.
Chargée de la gestion, du maniement et de l'entretien des ouvrages hydrauliques, l'union des marais réalise au début des années 1960, de nombreux aménagements destinés à améliorer le système. Elle acquiert l'ancien canal maritime de la basse Loire, dont la fonction est dorénavant agricole, pour le convertir en réserve d'eau. Pour cela, il est divisé en trois tronçons : deux nouveaux vannages au niveau de Buzay et aux Champs-Neufs isolent un bief central dont les bords sont relevés de manière à pouvoir le remplir à la côte maximale de 6,30 m. Citons également la réalisation de la " percée " de Buzay qui offre un nouveau débouché en Loire plus efficace qu'auparavant pour l'évacuation des eaux hivernales de la vallée de l'Acheneau et du lac de Grand-Lieu. Le canal de Bourine, nouvelle bifurcation entre le canal de Buzay et le canal maritime, permet également un écoulement plus direct. Le syndicat d'aménagement hydraulique (SAH) Face
au déficit chronique des recettes de l'Union, et conscients de
l'importance de l'outil hydraulique existant pour le maintien et le développement
de nombreuses activités économiques, les élus de
51 communes du Pays de Retz créent en 1984 une nouvelle structure
dotée de compétences en terme de fonctionnement et d'investissement
: le syndicat d'aménagement hydraulique.
Celui-ci, dans la continuité des grands travaux engagés par l'union des marais depuis 1958, améliore le réseau hydraulique mais sa compétence s'est élargie et il contribue aujourd'hui à un but d'aménagement du territoire, dans une perspective de développement durable et de renforcement de l'identité culturelle du Pays de Retz autour du thème de l'eau. La propriété du canal maritime de la basse Loire puis celle des ouvrages hydrauliques a été progressivement transférée (ou est en passe de l'être) de l'Union au SAH. Depuis 1996, le transfert de compétences entre les deux institutions est achevé. La compagnie d'exploitation des ports (CEP) La
compagnie d'exploitation des ports est le prestataire de service qui gère
le fonctionnement du système des marais du sud Loire. Un contrat
lie le CEP et le SAH jusqu'en 2008. Les éclusiers du CEP sont responsables
de la gestion hydraulique au quotidien (exondation/irrigation) des marais
du maniement et de l'entretien des ouvrages hydrauliques(3).
_________________________________ (1) J.-M. Caraguel, Optimisation des migrations d'anguilles par la gestion des ouvrages hydrauliques sur le bassin versant de l'Acheneau. mémoire de DESS expertise et gestion des littoraux, 2004., p 67. (2) " Grand Lieu, un lac africain perdu en Europe " Le courrier de la nature, 175, spécial Grand Lieu, 1999, p 4. (3) Les ouvrages principaux sont sous la responsabilité du CEP, à la différence de la plupart des ouvrages intermédiaires gérés par les syndicats de marais et du petit patrimoine dont l'entretien incombe directement aux propriétaires et exploitants des parcelles. |
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