Magiciens d'eau - sommaire

Magiciens d'eau

Le golfe du Tenu dans l'estuaire de la Loire est un territoire récent à l'échelle géologique, mais ancien au regard de son peuplement par les hommes qui empruntent les fleuves et les rivières comme axes privilégiés de circulation, d'échange, de commerce.

Terroir difficile de marécages, mais fécondé par des eaux limoneuses, il est assez tôt colonisé, aménagé, exploité par une agriculture d'élevage.
Le grand projet du canal maritime de la Basse-Loire intervient au XIXe siècle dans un espace domestique valorisé par des communautés paysannes exercées à la navigation en Loire, comme à la gestion hydraulique des prés-marais. Grand œuvre d'ingénieur, imposé par une logique portuaire, nantaise, le canal maritime marque une rupture.
Il renoue pourtant avec une tradition d'échange et de commerce international ; l'affirmation d'une vocation maritime du territoire n'est pas non plus étrangère à cette rive de l'estuaire animée depuis longtemps par le cabotage atlantique.
Finalement, l'ouvrage s'est intégré à l'espace qu'il a d'abord bouleversé : la brève histoire de son exploitation demeure dans la mémoire collective locale, il s'insère dans le paysage comme marqueur identitaire et, depuis 1960, il est vecteur de développement économique agricole de l'ensemble du bassin du Tenu

A l'exemple du destin du canal maritime, l'histoire naturelle témoigne ici de la productivité des contraires : le mélange de terre et d'eau, des eaux marines et fluviales crée un complexe de milieux particulièrement riche et diversifié, accueillant une faune et une flore reconnues d'importance internationale. Cette nature singulière travaillée par l'homme produit des paysages et des ambiances qui ont suscité l'intérêt des artistes depuis le XIXe siècle
A leur suite, naturalistes, paysagistes, animateurs culturels, se sont efforcé de valoriser aux yeux de leurs contemporains ces milieux d'îles et de marais, hier jugés ingrats et malsains.
Ils sont aujourd'hui le terrain d'une grande diversité de pratiques, anciennes ou modernes, un espace de débat et de concertation entre usagers et gestionnaires, tous amateurs et passionnés du territoire, qui apprennent à conserver ensemble un bien commun.